SOIREE ELISA SHUA DUSAPIN
Il y a deux ans, à la librairie proche de chez moi L’Usage du monde, j’assistai à la soirée organisée en l’honneur de l’écrivain franco-suisse Elisa Shua Dusapin. Elle venait présenter son dernier livre, Le vieil incendie, relatant la relation entre deux sœurs. Lorsqu’elle arriva dans la petite librairie, dégagée pour y disposer tous les sièges du public, je fus saisie par sa beauté. D’à peine la trentaine (elle est née en 1992), elle avait la peau claire et une chevelure brune mousseuse. En outre il s’agit d’une métisse puisque, fait très important dans sa biographie, elle est de père Français et de mère Coréenne.
« J’ai commencé d’écrire parce que je me sentais étrangère partout », confia-t-elle au public, ce qui me toucha. Elle dit avoir commencé à l’adolescence son chef-d’œuvre, Hiver à Sokcho, et avoir consacré sept ans à l’écrire.
La libraire lui posa beaucoup de questions pointues et excellentes. Ce qui ressortait de cette interview était, outre une sensibilité à fleur de peau et un grand sens de l’humour, le fait qu’Elisa Shua Dusapin doutait beaucoup d’elle et de son talent. Quand elle envoya à son éditrice sa version du Vieil incendie, elle ne doutait pas d’être refusée et d’avoir produit un échec complet.
« Je m’étonne un peu, intervint un lecteur, du contraste entre le roman et son titre figé, plutôt monolithique, Le vieil incendie. Pourquoi l’avoir choisi ?
-Vous faites bien de me poser cette question, répondit l’écrivain. Sachez que ce titre est une décision de mon éditeur. A l’origine, j’avais trouvé quelque chose de pire encore. Tenez-vous bien, c’était : Pigeons froids. » Et toute la salle d’éclater de rire.
La jeune auteure m’émerveilla par sa capacité à répondre, en profondeur, à toutes les questions, avec une grande intelligence et créativité. Je la trouvai par ailleurs douce et gentille. A la fin de la conférence, je me dirigeai vers elle pour lui assurer qu’elle avait un talent admirable, lui demander une dédicace d’Hiver à Sokcho pour ma mère et lui offrir mon Journal d’une adolescente, car « je vous aime bien. C’est ma façon d’exister à vos yeux.
-Oh, je vais écrire sur la première page dans quelle librairie je l’ai reçu, comme ça je m’en souviendrai », dit Elisa Shua Dusapin.
Je partis émue, bouleversée par cette auteure pleine d’humilité et de beauté.