PHILIPPE BARBIER, DU CAFE ET DES FEMMES
Il existe des recueils de poésies qui nous accompagnent, un dimanche, embellissent le temps gris, rayonnent en notre cœur et nous rendent sensibles aux petites et grandes choses. Les livres de Philippe Barbier sont de ceux-là. Leur sensualité nous permet de goûter un bonheur simple, sans apprêt :
« La dame respire cette bonne odeur d’automne, si chère aux poètes. Dans le silence, un livre ouvert sur ses genoux, un vent léger la caresse d’une manière savoureuse ». (Femmes et Miscellanées)
Le mari assassin, la veuve, la femme artiste, les « femmes du temps jadis / usées à trente ans », la jeune fille de bonne famille, et tant d’autres, tous font l’objet d’un portrait intime, avec ce regard qui semble surplomber leur vie.
« De la fenêtre de ma bibliothèque je regarde la danse des parapluies », note aussi Philippe Barbier, comme revenant à lui-même. Hédoniste, il remarque : « Une bonne odeur de chlorophylle sort de la terre, les feuilles tournoient ».
Le poète convoque la nature, le passé, le chant des oiseaux, un chat blanc, Rimbaud, « le délicat parfum du jasmin après le bain », une soupière, pour transcender le quotidien, le décrire et rendre compte avec compassion de la solitude, de la misère humaine. Il s’en dégage une poésie fraternelle, sympathique et universelle. Dans son recueil Enchantement, Philippe Barbier se met à la place de ceux qui sont parfois « trop sensible pour affronter cette affreuse société » ; dans Mariage de la plume, du pinceau et de la photo, il s’arrête et pleure sur le drame d’un enfant de douze ans ayant mis fin à ses jours. Mais cette âme sensible est aussi sensuelle : aussi le poète aime-t-il évoquer la bonne odeur du café, le pain qu’il va acheter et la soupe aux poireaux et aux choux qu’il cuisine. Homme du quotidien, il est aussi attaché aux petits faits, aux repères de la vie ordinaire, qu’aux méditations profondes et aux exemples illustrant ce qu’il y a de plus important dans l’existence. L’amour, la mort, bien sûr, mais aussi la psyché de l’auteur : « Par moment il brûle ses poèmes, pour le plaisir de voir des rêves dans les volutes de fumée. »
Enfin, Philippe Barbier est peintre, et son dernier volume, comme l’indique le titre, Mariage de la plume, du pinceau et de la photo, est illustré par lui-même, notamment par de remarquables, et fantaisistes, tableaux de chats.
J’ai régulièrement l’occasion de rencontrer Philippe Barbier qui est président de l’association Arts Lipo, laquelle organise souvent des repas et des présentations autour des arts aussi divers que l’écriture, la chanson ou la peinture. C’est un homme extraordinairement ouvert aux autres et un anarchiste au cœur tendre, par exemple il dit détester la corrida. Il a publié de très nombreux recueils de poèmes en vers libres, sans contraintes stylistiques, avec le goût parfois des mots rares et insolites dont il donne aussitôt la définition, par politesse pour son lecteur.
Pour se procurer ses recueils : philipoete(at)wanadoo.fr