L'AMIE REVEE

atikva Par Le 21/08/2025 0

Dans Animaux

L’AMIE REVEE

 

 

 

 

A douze ans, je n’avais plus d’amie. J’avais perdu ma sœur d’âme, la fille de ma nourrice, aux côtés de qui j’avais été élevée. Elle s’était éloignée de moi, me jugeant « triste et seule », et ne voulant pas se laisser contaminer par ma mélancolie. De mon côté, je ne la reconnaissais plus et la jugeais durement. Je trouvais ses amis puérils.

Car oui, en cette année de cinquième, puéril, tout le monde l’était ! Les filles s’amusaient à jouer au loup dans la cour du collège, et je les regardais consternée se poursuivre sur l’herbe en poussant des cris.

Moi, je rêvais d’avoir une amie fille et un ami garçon, avec qui parler profondément, échanger. Je n’en connaissais pas.

Je devins profondément dépressive et insomniaque. Quand je me levais le matin, j’avais l’impression d’avoir les os qui flottaient, détachés, à l’intérieur du corps, tant mon sommeil partait en lambeaux.

Une nuit, pourtant, il m’arriva une chose merveilleuse : je rêvai.

Je marchais dans la cour du collège et j’aperçus une splendide vache blanche, telle qu’on en voit dans les prés en Bourgogne. Je la caressai et lui parlai comme à une amie. Puis je montai sur elle. Alors, elle déploya deux grandes ailes blanches et je m’envolai avec elle vers l’azur. En dessous de nous, sur l’herbe, des enfants faisaient cercle. Je fus envahie d’un doux sentiment de plénitude et de symbiose. Je n’étais plus seule enfin, j’avais trouvé mon amie ailée et nous voguions toutes deux vers une aventure…

Ce rêve me sidéra. Il me bouleversa. Je le racontai dans une rédaction de français, qui me valut une excellente note, et récoltai les moqueries de deux garçons de ma classe, pour qui la vache avait dû lâcher des bouses, ce qui me prouva encore une fois l’imbécilité du sexe masculin à cet âge.

Chère amie de mes rêves, merci pour ton passage !

 

C'est chouette d'écrire !

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