UTADA HIKARU

UTADA HIKARU

 

 

 

Lorsque j’ai écouté pour les premières fois Utada Hikaru, une des chanteuses japonaises les plus célèbres de tous les temps, au point d’avoir vendu des millions de titres au sortir de l’adolescence, je n’ai pas été happée ni convaincue. Ma professeure de japonais eut beau me dire que, selon certains experts, l’écouter faisait « autant de bien pour l’organisme que d’écouter des sonates de Mozart », je ne m’y arrêtai pas. J’ignore alors comment, en l’espace de quelques jours, elle est soudain devenue pour moi une figure fascinante et une voix extraordinaire, comme s’il fallait un peu de temps pour saisir ses replis cachés. En effet, ses premiers titres, comme Time Will Tell ou Automatic, frais, agréables mais conventionnels, ne méritaient peut-être pas un tel succès.

C’est avec son plutôt médiocre deuxième album, trop RnB, qu’Utada Hikaru divulgua sa première très belle chanson, l’entrainant Can You Keep a Secret ? qui transcendait tous les genres. Dès lors, elle fut capable du meilleur.

Elle utilise le RnB dans la plupart de ses chansons, mais elle excelle dans les ballades et les titres de variété qui, au fond, pourraient se passer de ce tempo. Elle se promène d’une trouvaille à l’autre, du trébuchant Travelling en passant par une adorable chanson pour enfants, Boku wa kuma, et le superbe Beautiful World, une de ses plus sympathiques compositions.

         Utada Hikaru possède une large tessiture, elle adore monter dans les aigus sans qu’on se rende compte, justement, que ce sont des aigus, tant elle y va légèrement, avec une suavité et une délicatesse qui évoquent la souplesse du sable fin. Ses chansons commencent en évoquant des bulles de limonade ou des couchers de soleil. Si je devais donner une couleur à sa voix, ce serait le jaune mordoré mêlé d’ocre et de doré. Cette voix qui caresse la mélodie pour mieux la saisir et la mener ailleurs, partant d’une simple base RnB vers des morceaux de refrain, des instants de couplets, originaux et uniques, d’une beauté affinée. Il faut l’écouter plusieurs fois et avec les oreilles bien ouvertes pour saisir ce genre de nuances. Gare aux vieux tromblons qui ont déjà les goûts sclérosés. Je suis fascinée par la façon dont la voix de cette chanteuse voltige.

Talent multiforme, elle est à découvrir particulièrement dans deux albums, Heart Station et Ultra-Blue, sans compter les CD regroupant ses singles.

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