Vous reprendrez bien un peu de Michel Onfray

VOUS REPRENDREZ BIEN UN PEU DE MICHEL ONFRAY

 

 

 

 

En 2012, je m’adressai à Michel Onfray par messagerie et je crois, bien que je n’en aie rien conservé, que nous eûmes un échange plus que frais. N’importe, je ne me laissai pas décourager et je décidai d’aller à sa rencontre, puisqu’il venait en conférence à Paris.

Je fis la queue pour avoir ma dédicace. Au moment de demander la mienne, je posai devant Michel Onfray un coffret des films de Louise Brooks. Il avait, dans son Journal hédoniste, fait une analyse de la Lulu de Wedekind, la pièce de théâtre, mais j’étais bien sûre qu’il n’avait jamais regardé l’adaptation filmique allemande, pur chef-d’œuvre de Pabst.

« C’est Noël ! s’exclama-t-il d’une façon charmante.

-Vous n’êtes pas trop cinéma…

-Il serait peut-être temps que je m’y mette… »

Je lui dis que je m’appelai Marie-Eléonore, il tiqua ; comme s’il se souvenait de la rombière avec qui il avait échangé un mail discourtois la veille.

Vint le temps de la conférence. Il parut sur scène enfin, sur un fond rouge. Il possédait une grosse tête et deux jambes rigides comme des bouts de bois. « Je suis contre le viol… », « couvrir d’ordures », dit-il, en référence à ce que les psychanalystes lui faisaient depuis son livre sur Freud. A côté de moi se tenait une jeune femme brune élégante qui me fit remarquer : « Vous ne trouvez pas que c’est rare aujourd’hui, une pensée ouvriériste ? » Il n’était pas rare que j’entende, à l’avenir, les admirateurs de Michel Onfray se pâmer naïvement, inconditionnellement, sur les qualités et le courage de ce dernier – moi je ne l’admirais pas, j’en étais amoureuse.

L’année suivante, je trouvai son numéro de téléphone dans l’annuaire et décidai de l’appeler. D’une petite voix d’enfant écrasée par la timidité, je me présentai sous le nom de Marie. Je lui demandai s’il avait regardé les films que je lui avais offerts.

« Je crois bien que je les ai perdus dans mon déménagement, car ça ne me dit rien.

-Vous avez déménagé ?

-Oui, quand ma compagne est morte, l’endroit où nous vivions est devenu tellement insupportable pour moi que j’ai préféré partir ».

Il se confiait avec simplicité, bonté, alors qu’il ne savait rien de moi. C’est peut-être le Michel Onfray de cette époque-là que d’aucuns me décrivaient comme « gentil » alors qu’il ne l’est plus du tout dans mon esprit, devenu dédaigneux du lecteur à qui il doit pourtant sa gloire.

Pourquoi, lecteur de ce blog, vous avoir raconté ceci ? Je vous imagine curieux des célébrités littéraires, et le peu que j’ai à en dire devrait nécessairement vous toucher. Voilà tout.

Date de dernière mise à jour : 05/10/2025

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