GHISLAINE LAVOIE, POETESSE DU QUEBEC
Ghislaine Lavoie, née en 1939, est une amie. Une correspondante. Plus douée en poésie que bien des célébrités francophones, elle a déjà gagné des concours comme, en 2019, le Genêt d’Or, prix jadis remporté par Chateaubriand et Victor Hugo. Récemment, elle a été lauréate d’un concours organisé par la maison des éditions du 7ème ciel. Il s’agit donc d’un talent modestement reconnu, qui a publié plusieurs recueils de façon confidentielle, livres qui n’en constituent pas moins des œuvres remarquables.
Quand je découvris le plus récent, Sourds sillages, je fus frappée par la diversité des formes empruntées par la poétesse, du jaillissement en apparence spontané aux rimes néo-classiques :
Après le dur avril
Oubliant mes adieux
Je reviendrai d’exil
Et reprendrai mes yeux
Pour voir le doux printemps
Emietter dans le soir
Cette lune d’avant
En étoile d’espoir
Dans les cheveux de mai
Aux musiques des fleurs
Je reviendrai aimer
Et retrouver mon cœur
Le recueil semble égrainer tous les émois, les pensées cachées et retenues d’une femme à la vie intérieure jaillissante. Je ne pus m’empêcher d’être frappée par une chose : que celle qui écrivait avait une « belle âme ». Et qu’elle nous transportait dans un monde d’une pureté rare.
Cette quête intérieure et cette audace formelle, Ghislaine Lavoie les avait déjà entreprises dans deux autres recueils, Tous les ciels et L’Infini Temps.
Le premier me sembla faire appel à de nombreux exercices de style, comme des poèmes musiqués. Ghislaine démentit : c’était un livre tellement autobiographique qu’elle avait failli renoncer à la publier. De fait, celui-ci contient un émouvant poème hommage à sa chienne Frimousse, une lettre à un ami africain, un texte en souvenir de sa mère, et d’autres. Ma préférence va au sublime Notre rose d’un soir qui n’est pas, par sa musicalité, sans évoquer Les Roses de Saadi de Marceline Desbordes-Valmore.
L’Infini Temps appelle aussi une oreille attentive. « Il y a là quelqu’une / Que l’on n’écoute pas / Et c’est la Poésie », nous prévient Ghislaine, lucide sur notre époque de médiocrité éditoriale. Le poème Anne ô Anne est un véritable chef-d’œuvre, comme seul Apollinaire savait en composer avec sa Lorelei. Novembre, par exemple, est un poème en vers de six syllabes qui décrit bien le cauchemar subi par la nature en ce « temps mal aimé ». Sur des sujets divers et innombrables, qui nous en disent long sur la curiosité d’esprit de la poétesse, on retrouve le même ton vif, empreint de beauté et de grâce.
Il vous est possible de découvrir des poèmes de Ghislaine Lavoie sur le compte Facebook de celle-ci.