GRETA THUNBERG, L’ENFANT-FILLE
Greta Thunberg n’est pas manipulée. Elle suffoque d’indignation, comme le font les enfants quand ils sont convaincus d’une cause qu’ils défendent.
Les gens qu’elle rencontre font partie d’une génération qui n’a manifesté aucun enthousiasme pour l’écologie. Qui plus est, ce sont surtout des garçons. Je les ai connus au même âge qu’elle, dans la cour de mon collège.
Le fanatisme dont on accuse des militants de la cause écologique ou animale n’est jamais qu’à la hauteur des méfaits subis : ici, il s’agit de la survie de la planète – de quoi être en colère ! « How dare you ? » est un magnifique morceau de tribune, d’une grande sincérité, et qui fait frissonner.
Quand je demandais aux garçons de mon collège de jeter leurs déchets dans une poubelle, pour que la planète soit plus propre, ils me répondaient ostensiblement :
« Qu’est-ce qu’on en a à faire que la planète soit détruite, on sera morts ! »
C’était ma génération. Et pourtant, à l’école primaire, nous avions eu d’excellents cours et dossiers à monter sur les forêts d’Amazonie, « poumon de la planète » en train de brûler. Rien n’y fit. Quand j’avais douze ans et que je témoignai d’un réel intérêt anxieux pour ces questions, quant aux urgences écologiques, je ne rencontrais partout qu’insensibilité, comme si on avait dressé un mur de reproches face à ma colère.
Ceux que Greta Thunberg rencontre ne se comportent plus ainsi. Ils font autre chose. Ils parlent d’argent, par exemple. Mais c’est la même suffocation. Et la voix de l’enfant-fille explose, pleine de chagrin : « How dare you ? » On ne peut pas rencontrer plus éloigné des récupérations politiques ordinaires ou des dictatures que cette colère.