GPA JE N’AIME PAS
L’an dernier, j’étais à un restaurant de poètes et de peintres quand une femme se leva. D’une voix tonitruante, elle nous annonça que son fils homosexuel avait fait un enfant par GPA (Gestation pour autrui). Deux femmes américaines avaient donné, l’une ses ovocytes, l’autre son ventre, pour accomplir cette action. Le petit garçon qui en était né était merveilleux. Elle avait écrit un livre pour raconter l’histoire de sa venue au monde. Culpabilisant dans sa préface ceux qui n’approuveraient pas ou auraient des préjugés, elle précisa : « On ne pourra pas dire que vous ne saviez pas ».
« Il n’a pas de maman, il a deux papas, il reçoit tout plein d’amour », conclut-elle à propos de son petit-fils. Tout le monde, je dis bien tout le monde autour de moi approuva ou applaudit ; un poète cria même : « Bravo ! »
A la fin du repas, je demandai à cette dame si elle ne craignait pas que le petit garçon souffre de ne pas connaître sa mère.
« Mais, dit-elle, il la connait. Ils sont en rapport par téléphone. Et il ira la voir en vacances aux Etats-Unis s’il le veut.
-Il pourra l’appeler maman…
-Non ce n’est pas sa mère, elle n’a fait que lui donner la vie. Tata… »
Il fallait donc à tout prix empêcher cet enfant d’avoir une maman ! Comme je fis remarquer à mon interlocutrice que moi j’avais éprouvé le désir de dire papa n’en ayant pas, elle s’entêta à analyser : « Mais c’est parce que vous avez été élevée avec un schéma papa-maman… » On connait la litanie de tous les militants de l’homoparentalité, ils ont toujours face à eux des conformistes rigides qui n’acceptent pas leurs nouveaux modèles, pas des orphelins blessés et assoiffés de justice pour tous les enfants.
« Il est heureux ! » me confirma-t-elle à propos de son petit-fils. (Heureux à un an ! Une révélation !) Puis, argument classique, elle me dit que des gens dans sa famille avaient divorcé, et que le petit garçon né d’une GPA ne serait pas plus malheureux que leurs enfants – mais pas plus veut aussi dire pas moins.
Et, à partir de ce jour, désirant vendre son livre, cette femme récidiva et récidiva, répétant dans les salons qu’on « ne fonde pas une famille avec un père et une mère, mais avec beaucoup d’amour » (et avec beaucoup de pognon, une GPA coûtant 100 000 euros). Elle semblait passer son temps à légitimer l’acte de son fils, à tout faire par amour pour son fils, quitte à oublier ou sacrifier les besoins du petit garçon.
En plus d’avoir comme moi une sensibilité d’orphelin, on a le droit de refuser la GPA par principe. Il s’agit d’une femme qui se fait mettre enceinte pour l’argent, chez qui on implante les ovules d’une autre (bricolage identitaire), et qui abandonne l’enfant à sa naissance. Que se passe-t-il dans le psychisme de l’enfant à ce moment où il est légué ? C’est encore pire quand l’acheteur de l’enfant est un couple homosexuel, car l’enfant grandira sans mère d’adoption, sans figure féminine à son domicile. L’amour d’une mère est une chose si indispensable que personne ne devrait en être privé.
Je fis remarquer à une de mes voisines que ce que je n’aimais pas c’est que l’enfant grandisse sans mère, elle me répondit aussitôt :
« Mais ce n’est rien, ça ! »
Voilà où nous ont mené des siècles de littérature, de psychanalyse et de larmes d’orphelins, un oubli et un néant total devant les revendications LGBT portant sur la famille. Le présent engloutit complètement la mémoire et l’expérience du passé. Nous sommes dans une période cruciale où les interdits reculent de plus en plus et où les gens, par doute et suivisme, n’osent plus dire non aux revendications de maternité et de paternité pourtant susceptibles de causer du tort à l’enfant. Bien sûr, certains de ces enfants sont et seront heureux dans ces familles minoritaires. Mais il y a toujours un principe de précaution à faire valoir et là, il est absent. La Convention Internationale des droits de l’enfant précise que l’enfant a le droit de connaître et dans la mesure du possible d’être élevé par ses deux parents, nous l’avons signée, pourquoi ne pas la respecter ?