Denis Podalydès, plaire et courir vite

DENIS PODALYDES, PLAIRE ET COURIR VITE

 

 

 

 

 

       Denis Podalydès est un membre sociétaire de la Comédie Française, et cela n’étonne en rien tant son jeu d’acteur subtil, plein de nuances et de maturité, fait l’effet d’une perfection digne dans le cinéma français.

Voici deux ans de cela, il avait mis en scène Marivaux dans une pièce de théâtre et venait faire son spectacle dans la ville de Colombes.

J’attendais sur les sièges, quand je vis passer de loin, près de la porte d’entrée, un homme à moitié chauve. Je me levai et me risquai :

« Etes-vous Denis Podalydès ?

-Oui. »

Il était seul. On imagine volontiers que les célébrités sont des gens entourés de solliciteurs et de caméras, alors qu’il s’agit le plus souvent de solitaires ; distingués par leur aura d’intouchables, ils passent incognito dans plein de lieux sans qu’il vienne à quiconque l’idée de leur parler.

« Je voulais vous demander… Avez-vous lu un manuscrit que je vous ai fait parvenir ?

-Je détruis les manuscrits que je reçois », dit Denis Podalydès.

N’importe qui, apprenant indirectement la façon dont l’acteur traitait les manuscrits à lui envoyés, se serait fâché ; mais, quand il en faisait l’aveu lui-même, il était impossible de lui en vouloir.

Le film dans lequel il avait joué, Plaire, aimer et courir vite, m’avait plu. Il en fut visiblement content.

J’avais fait un dessin après avoir vu une scène de ce film : un homme mettant son nez dans une fleur. Pourrait-il aller y jeter un coup d’œil sur mon site internet ? Denis Podalydès me dit qu’il le ferait. Et il poursuivit sa trajectoire vers une porte, avec un sourire plein de dents et des yeux exorbités braqués sur moi, comme un torturé heureux.

Le spectacle de Marivaux suivit qui fut en costumes avec un solide décor plein de bois et de mousses. Tout un paysage avait été reconstitué ainsi que les tenues des acteurs. Cet ensemble témoignait de la culture du metteur en scène.

Je suis heureuse d’avoir abordé cet acteur. Aujourd’hui, quand je le vois à la télévision, je repense à notre petit entretien. Et il me semble incroyable qu’avoir vu passer cette légende ait pu être aussi simple.

 

 

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