"LA VERITE NUE SUR LE BREXIT"

atikva Par Le 24/02/2019 0

Dans Militantisme

« LA VERITE NUE SUR LE BREXIT »

 

 

 

 

 

 

Victoria Bateman possède un corps magnifique. Née en 1979, dans une famille de Manchester qui fabrique du coton depuis des générations, elle est surtout économiste.

Dans une conférence filmée d’une trentaine de minutes, tournée à Cambridge, Victoria Bateman résume sa pensée. Elle se déshabille rapidement. Le striptease, harmonieux, doux, dure deux minutes. Ensuite elle est nue. Et elle parle. Elle bouge un peu – part de profil, revient, fait plutôt du sur-place, comme pour montrer que sa liberté de mouvement se situe dans un champ réduit.

Pourquoi se déshabille-t-elle ? « Le temps est compté pour les habits que je porte ». A peine marquée par l’âge – les lignes d’affaissement, sur son corps, sont rares, mais elle est à l’âge où on les repousse – la mobilité du visage, le talent, la légère pente des seins, tout cet effort vital la préserve, rayonnante.  « Ce qui arrivera demain, accord ou pas accord, le Brexit passera sur mon corps. »

Ce qui l’attend si la famine gagne l’Angleterre, peut-on imaginer, c’est un corps qui a faim[1].

Le Brexit a le contrôle de sa vie et lui impose moins de liberté – c’est sa thèse ; aussi a-t-elle fait écrire sur son corps : « Brexit / Leaves / Britain/ Naked. » Une faillite économique génère un climat liberticide. Cette réalité quotidienne, elle la refuse sur scène.

Elle parle en jouant des mains. Pareille attitude la rend démonstrative et un peu vulnérable. Elle serre les poings avec douceur, assure une prise douce sur le public. Elle reste une enseignante, une conférencière, et pour la première fois à ma connaissance, cela fonctionne.

Le public de Victoria Bateman est cloué. Elle a rendu inutile les formules comme : « Elle n’est pas qu’un corps, elle est aussi intelligente » et toutes ces phrases du féminisme habituel.

Les gens aiment la regarder, elle suscite la curiosité, puis un respect étonnant. Ses jambes rappellent celles d’un film perdu de 1926, American Venus. La taille fine et découpée, les hanches bosselées, d’une forme très sensuelle, les épaules douces, la peau délicieusement rose, la toison pubienne intacte, elle résume ce que son travail d’économiste l’a menée à conclure sur le Brexit.

Le Brexit est mauvais pour l’économie de la Grande-Bretagne. Elle dit en substance qu’il réduit la liberté de circulation, une des libertés fondamentales de l’économie de marché.

« En tant que féministe, dit-elle, je suis passionnée par la liberté. »

Elle insiste sur le fait qu’une population puisse être constituée de gens en bonne santé, et créatifs. Ecouter ses arguments permet de comprendre le niveau réel, les pensées et les hésitations, le désarroi réel, le climat réel de l’Angleterre à laquelle elle s’adresse.

Dr. Victoria Bateman cite la technologie et la science comme des moteurs de prospérité économique. Ils permettent d’avoir une vie plus longue et de mener une vie plus productive. Les partenariats internationaux ont part au développement des sciences. Cependant, la prospérité économique, ce n’est pas que la recherche scientifique – ou la technologie : il y a l’immigration. Les immigrés ont un niveau d’éducation plus élevé que la moyenne. Ils apportent une contribution plus élevée aux « taxes », participent d’avantage aux services publics du pays. Où est l’histoire positive de l’immigration ? Avec le Brexit, elle n’a plus d’utilité, car il n’y a plus d’immigration.

Ma liberté de mouvement, précise-t-elle, a joué un rôle essentiel dans le fait que je puisse avoir des opportunités en termes d’éducation et de travail. Si je ne peux pas sortir des frontières, ni le talent, ni l’expérience, ne servent dans le pays où je suis née, car je suis incapable de tirer parti des avantages et des opportunités qu’il offre ; il me reste à exister pour construire ce pays, sans plus.

Elle donne des exemples très simples : « : les consommateurs vont exporter les produits à travers l’Europe. » Le problème n’est pas l’Europe, selon elle, qui est une hightly successfull area (« une surface de haute réussite. ») « Si l’économie est faible, il n’y a pas d’affaires, et nous ne pouvons rencontrer des personnes dans le monde. »

« Si je mets de l’argent de côté (save money) je peux acheter un billet, je peux prendre ce billet pour partir. Je peux acheter plus de livres. »

Elle reconnaît qu’économiser se fait dans un climat difficile : « Les gens qui gagnent plus d’argent sont suspects. »

« Il y a une révolte des classes laborieuses. » Celles-ci sont décontenancées par le capitalisme. Et le Brexit est un combat contre le capitalisme. Ce combat est opposé à une issue économique. Dès lors, quelle issue peut-il y avoir ?

La jeune femme possède un charme extraordinaire. Des traits classiques, une harmonie charnelle, une santé intellectuelle qui constituent une bravade, une exception dans le paysage médiatique et esthétique anglo-saxons.

Ses apparitions sur scène, sa voix un peu aigue, aux consonnes précises, font immédiatement songer à l’admiration que suscitent des femmes célèbres du vingtième siècle, quand celles-ci étaient inventrices, innovatrices, séductrices aussi[2], et provoquaient le remous, les mouvements de foule, ce que l’on appelle le scandale mais qui emplissait les salles comme du jazz.

D’ailleurs elle a un corps de la Belle Epoque et les années vingt sont venues après.

« Quoiqu’il arrive demain, aucune justice ne mettra fin au Brexit. »

 

 

 

 

 

 


[1] Selon Philip Aston, rapporteur de l’ONU sur l’extrême pauvreté et les droits de l’Homme, la sortie du Royaume-Uni de l’Europe augmentera la pauvreté des Britanniques. (source internet).

[2] Florence Montreynaud, Le XXème siècle des femmes, Nathan, 1995.

 

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